Changement d’Usage Paris : Guide Pratique 2026

Le changement d’usage Paris concerne désormais près de 70 000 logements (estimation) retirés du marché locatif classique au profit de locations meublées de courte durée, dont les rendements peuvent être jusqu’à 4 à 5 fois supérieurs, selon le bien et la saison.
Depuis l’adoption du nouveau règlement municipal du 13 février 2025, les règles ont été durcies : la mairie a déployé une équipe dédiée d’agents assermentés pour contrôler les infractions et relevé le plafond des amendes de 50 000 € à 100 000 € par local transformé illégalement.
Ce guide complet explique la réglementation encadrée par les articles L. 631-7 du Code de la construction et de l’habitation, les démarches à suivre pour un changement d’usage avec ou sans compensation, ainsi que l’usage du simulateur officiel de la mairie de Paris. Que vous souhaitiez transformer un logement en bureau ou le proposer en location touristique, nous vous guidons à travers toutes les étapes pour obtenir l’autorisation nécessaire.

La table des matières
Comprendre le changement d’usage à Paris
Pour navigier efficacement les démarches administratives à Paris, la compréhension des nuances du changement d’usage est essentielle. Voyons ensemble les concepts fondamentaux qui régissent cette réglementation stricte.
Définition de l’usage et de la destination
En droit immobilier parisien, l’usage et la destination sont deux notions distinctes mais complémentaires. L’usage définit l’utilisation concrète d’un local, tandis que la destination fait référence à la fonction juridique prévue lors de sa construction. Par exemple, un appartement a une destination d’habitation, mais peut avoir un usage professionnel sous certaines conditions.
Le changement d’usage concerne la transformation d’un local d’habitation vers une autre utilisation (commerciale, professionnelle ou touristique). Cette modification est encadrée par l’article L. 631-7 du Code de la construction et de l’habitation qui exige une autorisation préalable de la mairie.
Pourquoi cette réglementation existe-t-elle ?
Cette réglementation répond à plusieurs objectifs majeurs pour la ville de Paris :
- Elle vise à protéger l’offre de logements dans un marché immobilier déjà tendu. En effet, la capitale connaît une pénurie chronique de logements abordables.
- Elle cherche à maintenir un équilibre entre les différentes fonctions urbaines (résidentielles, commerciales, touristiques) pour préserver la mixité sociale et économique des quartiers.
- Elle constitue un outil de régulation face à l’essor des plateformes de location touristique qui ont modifié profondément le marché locatif traditionnel.
Zones concernées par la réglementation
Paris est divisée en plusieurs secteurs selon l’intensité de la réglementation :
- Zones de compensation renforcée : Principalement dans le centre historique (1er au 4ème arrondissement) et les quartiers à forte pression immobilière (5ème, 6ème, 7ème et 8ème arrondissements), où les exigences sont les plus strictes.
- Zones de compensation simple : Couvrant les autres arrondissements, où les conditions sont relativement moins contraignantes.
Ces zonages déterminent notamment les coefficients de compensation applicables lors d’un changement d’usage. Par ailleurs, certains secteurs bénéficient de dispositions spécifiques, notamment les Zones de Protection de l’Habitation (ZPH) où la préservation du caractère résidentiel est particulièrement protégée.
La réglementation s’applique à tous les locaux à usage d’habitation, qu’ils soient occupés par leur propriétaire ou mis en location, et concerne aussi bien les résidences principales que secondaires.
Quand faut-il une autorisation de changement d’usage ?

L’obtention d’une autorisation préalable pour un changement d’usage est une étape cruciale pour rester en conformité avec la réglementation parisienne. Examinons les situations où cette démarche devient obligatoire.
Location meublée de courte durée
Tout d’abord, si vous envisagez de louer votre logement sur des plateformes comme Airbnb, sachez que l’autorisation est obligatoire dès lors qu’il s’agit d’une résidence secondaire. En effet, la location d’une résidence principale reste possible sans changement d’usage, mais uniquement dans la limite de 90 jours par an. Au-delà, vous devrez obtenir cette autorisation spécifique auprès de la mairie de Paris.
Transformation en bureaux ou commerces
La transformation d’un local d’habitation en espace commercial ou en bureaux nécessite systématiquement une autorisation de changement d’usage. Cette règle s’applique quelle que soit la surface concernée et l’arrondissement. Par ailleurs, cette conversion implique généralement un système de compensation, particulièrement dans les zones tendues où la préservation du parc résidentiel est prioritaire.
Usage mixte ou professionnel
L’exercice d’une activité professionnelle dans votre logement peut également exiger une autorisation, selon certains critères:
- Si l’activité occupe plus de 50% de la surface totale
- Si vous recevez régulièrement de la clientèle ou des patients
- Si l’activité entraîne des nuisances pour le voisinage
Néanmoins, certaines professions libérales réglementées (médecins, avocats, architectes) bénéficient de dispositions spécifiques facilitant l’usage mixte.
Cas d’exemption
Certaines situations sont exemptées d’autorisation:
- L’exercice d’une activité professionnelle dans sa résidence principale, si elle occupe moins de 50% de la surface et n’implique pas la réception de clientèle
- Les rez-de-chaussée dans certains quartiers spécifiquement désignés
- Certains professionnels comme les assistantes maternelles agréées
En cas de doute sur votre situation, le simulateur de changement d’usage proposé par la mairie de Paris reste l’outil le plus fiable pour déterminer précisément vos obligations et orienter vos démarches administratives.
Le système de compensation expliqué simplement

La compensation représente le cœur du mécanisme réglementaire parisien pour la transformation de locaux. Ce système, parfois complexe, mérite d’être compris pour naviguer sereinement dans vos projets immobiliers.
Qu’est-ce que la commercialité ?
La commercialité désigne le transfert de l’usage commercial d’un local vers un autre. Concrètement, elle n’est pas une taxe mais plutôt un échange : transformer un logement en local commercial implique de transformer ailleurs un local commercial en logement. Cela permet de maintenir l’équilibre entre habitations et activités économiques, sans aggraver la pénurie de logements dans la capitale.
Les secteurs de compensation renforcée
Paris est divisée en zones selon l’intensité de la pression immobilière. Le Secteur de Compensation Renforcée (SCR) inclut principalement les arrondissements 1 à 9, certaines parties des 10ème, 14ème, 15ème, ainsi que les 16ème, 17ème et 18ème arrondissements. Ces zones sont caractérisées par un rapport entre nombre d’emplois et nombre d’actifs résidents supérieur à la moyenne parisienne.
Les coefficients de compensation (1:1, 2:1, 3:1)
Trois coefficients s’appliquent selon votre situation :
- 1:1 : Hors secteur renforcé, vous devez compenser à surface égale (1m² pour 1m²)
- 2:1 : Dans le secteur renforcé, la compensation exige 2m² pour 1m² transformé (sauf pour les logements sociaux où le ratio 1:1 s’applique)
- 3:1 : Pour les meublés touristiques dans les arrondissements à forte concentration (1er au 11ème et 18ème), la compensation grimpe à 3m² pour 1m² et doit être réalisée dans le même quartier administratif
Par ailleurs, dans les arrondissements centraux (1er au 9ème, 16ème et 17ème), 50% minimum de la compensation doit se faire dans le même arrondissement.
Comment trouver un local de compensation ?
Plusieurs options s’offrent à vous :
- Contacter le Bureau de la Protection des Locaux d’Habitation (BPLH) qui peut vous renseigner sur l’état du marché
- Vous rapprocher des bailleurs sociaux qui réalisent parfois des transformations de bureaux en logements
- Faire appel à des sociétés spécialisées dans la recherche de commercialité
Le prix moyen à Paris est d’environ 1600€/m², avec des variations importantes selon les arrondissements (de 400€ à 3000€/m²).
Changement d’usage sans compensation à Paris : est-ce possible ?
Oui, certaines situations permettent d’obtenir une autorisation sans compensation :
- Pour les professions libérales réglementées dans la limite de 50m² par professionnel (maximum 150m² par local) hors quartiers à prédominance de bureaux
- Sans limite de surface dans les quartiers prioritaires
- Pour le remplacement d’un professionnel déjà installé, dans la limite de 250m²
Ces autorisations ont toutefois un caractère personnel et prennent fin avec l’activité du bénéficiaire.
Démarches pratiques pour obtenir l’autorisation

La réussite d’une demande de changement d’usage à Paris repose sur une préparation minutieuse et le respect d’étapes bien définies. Voici comment procéder efficacement.
Vérifier le règlement de copropriété
Avant toute démarche, consultez votre règlement de copropriété. Certains interdisent explicitement les activités professionnelles ou les locations touristiques. Cette vérification préalable vous évitera des complications juridiques ultérieures.
Constituer le dossier administratif
Rassemblez les documents nécessaires: titre de propriété, plans du local, attestation de surface, justificatifs professionnels le cas échéant. Pour les professions libérales, prévoyez également votre inscription à l’ordre professionnel.
Soumettre la demande à la mairie de Paris
Déposez votre dossier complet au Bureau de la Protection des Locaux d’Habitation (BPLH) ou utilisez le portail en ligne de la mairie. Le délai d’instruction varie généralement entre 2 et 4 mois.
Utiliser le simulateur de changement d’usage Paris
Le simulateur officiel disponible sur paris.fr vous aide à déterminer précisément vos obligations selon votre situation et votre arrondissement. Cet outil précieux vous orientera vers la procédure adaptée.
Déclaration en ligne pour les meublés de tourisme
Pour les locations touristiques, utilisez la plateforme dédiée pour obtenir votre numéro d’enregistrement obligatoire à 13 chiffres, indispensable pour toute annonce en ligne.
Suivi et validation finale
Après soumission, suivez l’avancement de votre dossier via le portail en ligne. L’autorisation, une fois accordée, peut être temporaire ou définitive selon votre situation.
Points clés à retenir
Ce guide révèle les aspects essentiels du changement d’usage à Paris en 2025, avec des règles renforcées et des sanctions plus sévères pour protéger le parc locatif parisien.
- Autorisation obligatoire : Toute transformation d’un logement en location touristique (résidence secondaire) ou en local commercial nécessite une autorisation préalable de la mairie de Paris.
- Système de compensation strict : Les coefficients varient de 1:1 à 3:1 selon la zone, avec des exigences renforcées dans les arrondissements centraux (1er au 11ème).
- Sanctions drastiques : Les amendes peuvent atteindre 100 000 € par local irrégulier, avec une brigade de 25 agents pour traquer les infractions.
- Exceptions pour professions libérales : Certaines professions réglementées bénéficient d’autorisations sans compensation jusqu’à 50m² par professionnel.
- Outils pratiques disponibles : Utilisez le simulateur officiel sur paris.fr et vérifiez votre règlement de copropriété avant toute démarche.
Cette réglementation vise à maintenir l’équilibre entre logements résidentiels et activités économiques, tout en préservant la mixité sociale des quartiers parisiens face à la pression immobilière croissante.

FAQs
Quand faut-il demander une autorisation de changement d’usage à Paris ?
Dès qu’un logement d’habitation est transformé en location touristique, bureau ou commerce.
La location d’une résidence principale sur Airbnb nécessite-t-elle une autorisation ?
Non, sauf si elle dépasse 90 jours par an.
Quelle est la sanction en cas d’infraction ?
Jusqu’à 100 000 € d’amende par logement transformé illégalement.
Qu’est-ce que la compensation ?
C’est l’obligation de recréer un logement ailleurs pour compenser celui transformé.
Existe-t-il des cas d’exemption ?
Oui, certaines professions libérales peuvent obtenir une autorisation sans compensation, dans la limite de 50 m² par professionnel.